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Une énorme tortue pêchée au large du Grau-du-Roi !

mercredi 25 août 2010

Sujet : Midi Libre

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Photo F. A

édition du mardi 24 août 2010

Salsa pourrait devenir la nouvelle mascotte du Seaquarium, au Grau-du-Roi (Gard). En toute discrétion, le musée de la mer soigne depuis quelques jours une tortue aux dimensions impressionnantes : près d’un mètre de diamètre et plus de 60 kg sur la balance. Du jamais vu en vingt ans, selon Jean-Marc Groul, responsable du site. D’ici un mois, la tortue devrait être relâchée en mer et suivie, à l’aide d’une balise Argos qui en dévoilera peut être un peu plus sur les aventures de cet animal marin. Car pour l’instant, les spécialistes s’interrogent sur son apparition au large de nos côtes.

Au Grau-du-Roi, sur les quais de la criée comme dans les coulisses du Seaquarium, tout le monde s’accorde : « On n’a jamais vu une tortue comme ça ! » Avec ses 80 cm de diamètre et ses 65 kg, cette tortue mâle pêchée la semaine passée défraie la chronique. Jean-Marc Groul, responsable du Seaquarium, et spécialiste des animaux marins : « C’est franchement un phénomène étonnant. Les tortues mâles sont très rares. La carapace est superbe ! On se demande comment il a fait pour arriver jusque-là. »

L’histoire débute jeudi après-midi au large du Grau-du-Roi sur le chalutier Sainte Salsa II. A bord, Thomas Boniface, pêcheur depuis plus de vingt ans, et les trois hommes de son équipage, s’apprêtent à réaliser la dernière cale de l’après-midi, avant retour au port. « D’un coup, on a bien vu que quelque chose de bizarre se passait. Au départ, on pensait que c’était une pierre. Quand on a vu que c’était une tortue, avec ses nageoires, ses griffes, sa grande carapace, on n’y croyait pas », témoigne le patron.

Driss, l’un des pêcheurs, parvient malgré tout à la libérer : « Pas si facile, elle était lourde. Et un peu ensuquée à cause des filets. On l’a gardée à bord, on l’a arrosée de temps en temps. »

Les pêcheurs se photographient avec leurs téléphones portables, pour le souvenir, et très vite, contactent le Seaquarium. A leur arrivée à quai, ils remettent l’animal aux mains de spécialistes. Et la tortue hors norme rejoint les bassins du Cestmed, basé dans les locaux du Seaquarium. Ce centre d’étude et de sauvegarde des tortues marines en Méditerranée, unique sur le littoral sud français, soigne chaque année une quinzaine de reptiles marins. « Celui-là est exceptionnel, confie Jean-Baptiste Senegas, le responsable, encore surpris par ce nouveau patient désormais surnommé Salsa. D’après nos observations, la tortue n’a ni plaie, ni fracture, ni traumatisme crânien, mais nous le garderons encore plusieurs semaines en observation avant, sans doute, de le relâcher. »

Comme les deux autres tortues actuellement soignées au centre, Salsa est une caouanne, la tortue la plus répandue en mer Méditerranée. Elle est capable d’effectuer entre 30 et 40 km par jour et peut vivre jusqu’à 80 ans. Apparue il y a 130 millions d’année, la caouanne, carnivore, est aujourd’hui une espèce en voie de régression, et donc protégée.

Avec sa carapace en forme de cœur et sa tête presqu’aussi grosse qu’un ballon de rugby, Salsa ne rentrerait pas dans une baignoire ordinaire, ni même une piscine gonflable ! Au repos dans les bassins du centre de soin, il va faire l’objet d’un suivi détaillé. Car pour Jean-Baptiste Senegas et Amélie Laencina, soigneuse au Cestmed, cette aventure reste incroyable. « Des tortues femelles, nous sommes habitués à en soigner. Elles viennent pondre dans la Méditerranée. Mais les mâles sont vraiment très rares. Celui-ci doit avoir 50 ans. Et leur population est si faible au large de nos cotes que la possibilité d’en retrouver dans les mailles d’un filet de pêche est infime ! »

Si Salsa ne montre aucun signe de faiblesse, il sera relâché le mois prochain, avec une balise argos au large de Marseille. La ville de Martigues et le département des Bouches du Rhône se disent candidats pour financer l’étude de ses déplacements dans la Grande Bleue, un peu comme les oiseaux qu’on bague avant leur envol. « Nous pourrons suivre le périple de Salsa, explique Amélie Laencina. Et en terme scientifique et pédagogique, cela devrait être très enrichissant. »

Agathe BEAUDOUIN




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