La gestion des ports et des berges de l’Hérault sera remunicipalisée d’ici 6 à 12 mois.
Midi Libre 20/09/24
Les élus étaient invités jeudi soir à se prononcer sur la pertinence de cette décision.
Il fallait s’en douter : l’annonce dans nos colonnes de la volonté du nouveau maire Sébastien Frey de remunicipaliser la gestion des ports du Cap d’Agde, mission à nouveau confiée à la Sodéal il y a quatre ans à peine, allait alimenter le débat.
Ce qui n’a pas manqué d’arriver jeudi soir, à l’occasion du conseil municipal de rentrée, où les élus devaient se prononcer sur principe même de cette remunicipalisation des services, ainsi que la dissolution consécutive de la société dont la Ville est actionnaire à 75 %.
L’occasion pour l’élue du Rassemblement national Fabienne Varesano, très centrée sur les questions portuaires, de s’interroger sur le retrait annoncé de la gouvernance de la Sodéal de la Banque des Territoires "pour des raisons stratégiques", précisait le maire Sébastien Frey, et de demander si c’était là "l’unique raison de cette décision, comme cela a été exposé lors d’une réunion avec le personnel de la Sodéal le 6 septembre dernier, où est-ce également en relation avec le rapport de la Cour régionale des comptes ?" Rapport qui, rappelons-le, avait pointé, entre autres critiques, "un déficit de contrôle des actionnaires", des rapports d’activité "lacunaires", des "instances désertées" ou un "sous-investissement" constaté dans les infrastructures.
Sans doute un peu des deux, même si Sébastien Frey a justifié cette décision "totalement assumée" par une volonté "de continuer à améliorer la coordination des équipements publics comme le port donc, mais aussi le Centre international de tennis, la Centre aquatique, le golf ou le palais des Congrès, qui participent à l’attractivité du territoire." Le maire qui table sur un délai "de 6 à 12 mois", pour intégrer pleinement la gestion du port en régie municipale, avec notamment un budget annexe dédié, "pour identifier clairement les recettes et les dépenses."
Ce timing justement, André Figueras, élu d’opposition du groupe “Agde juste, verte, sûre”, le trouve un peu précipité."Nous ne sommes pas à quelques mois près", estime-t-il. "Prenez le temps de réaliser une étude d’impact par rapport à cette remunicipalisation avant de nous demander de nous prononcer. Là, on ne sait pas combien cela vous coûter au contribuable agathois, faites les choses dans l’ordre." "Si nous délibérons aujourd’hui (jeudi), c’est justement pour avoir le temps de travailler sur le sujet", rétorquait Sébastien Frey.
Qui pense que "le pire des scénarios serait que la gestion des ports échappe à la collectivité", allusion à peine voilée aux grands groupes qui, ces dernières années, ont fait main basse sur plusieurs ports de plaisance français à l’issue d’appels offres. Pourtant, André Figueras se souvient très bien qu’il y a quatre ans à peine, c’est une société privée, la Sodéal en l’occurrence, qui avait été reconduite pour un bail de 20 ans."Et là, vous étiez d’accord", persifle l’élu d’opposition.
Mais depuis, l’affaire de Gilles D’Ettore et de la voyante est passée par là, offrant à Sébastien Frey une occasion rêvée de rompre avec la politique de son prédécesseur.
Olivier Raynaud
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