© MIDI LIBRE - MICHEL DESNOS
Midi Libre le 13/03/2025
Les élus agathois ont offert un piètre spectacle, si l’on peut dire, mercredi 12 mars. À un an des élections municipales, cela n’augure rien de bon sur la bonne tenue des débats d’ici cette échéance électorale.
Depuis près d’une quinzaine d’années que nous observons la vie politique agathoise, jamais il ne nous a été donné de ressentir une telle atmosphère dans l’hémicycle municipal, faite de tension, de défiance et d’arrogance mêlées.
Le 30 janvier dernier, lors du rapport d’orientation budgétaire, c’est d’abord le conseiller municipal d’opposition André Figueras, le monsieur chiffres du groupe “Agde juste, verte, sûre”, qui quittait la salle, irrité que le maire Sébastien Frey ait mis un terme au débat un peu vite à son goût, entraînant de fait ses colistiers dont Thierry Nadal, un peu surpris quand même, dans son sillage.
Le 26 février, ces mêmes élus d’opposition (et ceux de la majorité par la même occasion), apprenaient au dernier moment que le conseil municipal au cours duquel le budget 2025 devait être voté, était finalement reporté au 12 mars sur décision du maire, qui n’avait officiellement pas anticipé la désaffection de ses élus en raison des vacances scolaires. Décision pour le moins étonnante, même si l’on peut penser que le mouvement de protestation des employés de la Sodéal la veille, eux qui doivent passer sous giron municipal et qui demandaient des garanties, n’y est évidemment pas étranger. Autant d’événements qui n’ont fait que décupler le ressentiment d’une opposition déjà très véhémente depuis la démission de l’ancien maire Gilles D’Ettore, en mai dernier.
C’est donc peu dire que le conseil municipal de mercredi sentait la poudre. D’ailleurs à 18 h, image rare, plus aucun siège n’était disponible dans la salle. Qu’on ne s’y trompe pas : les Agathois ne se sont pas soudainement pris de passion pour les questions budgétaires. Mais de la majorité à Thierry Nadal ou au Rassemblement national, on avait pris soin de mobiliser les siens, histoire de marquer les esprits et, sans doute, de se donner du courage. Ce soutien inhabituel a-t-il poussé certains élus à en faire trop ? On peut se poser légitimement la question.
Sur les chiffres maintenant. Clémence Raphanel, adjointe aux finances de la Ville, a annoncé que sur les 120 millions d’euros de budget, "86,2 M€ étaient con, sacrés au fonctionnement et 34,5 M€ aux investissements." Un budget 2025 "centré sur la suite des investissements engagés et la fin des grands travaux prévus lors de ce mandat" et qui confirme surtout une chose : Agde est une ville qui a beaucoup d’argent, ce qui autorise bien des projets.
Première à prendre la parole, Fabienne Varesano (RN), regrettait d’ailleurs "que ce budget soit dans la continuité de la mégalomanie de votre prédécesseur", lançait-elle à Sébastien Frey. "Il serait bon de retrouver le sens des réalités car vous dépensez de l’argent que vous n’avez pas. Vous continuez avec des délires (elle fait référence notamment à la passerelle piétonne sur l’Hérault, dont le prix avoisinera les 7 millions € HT, NDLR) qui coûtent beaucoup aux Agathois." Pour celui qui s’était promis "de rester cool" et qui a patiemment écouté les arguments des uns et des autres durant les presque 5 heures de conseil, la charge était rude. "Je ne suis pas devenu mégalo en six mois, je reste les pieds sur terre", rétorquait-il. "Vous vous trompez en disant que nous dépensons l’argent que nous n’avons pas. Car l’investissement est financé en grande partie par l’autofinancement dégagé, résultat de la bonne gestion de la section fonctionnement."
De son côté, André Figueras a cru bon d’ironiser, au risque de perdre l’attention de tous, sur des indicateurs qui, selon lui, "avaient doublé par rapport à l’an dernier : les dépenses de fonctionnement par habitant sont passées de 1 125 € en 2024 à 2 479 € en 2025. Pareil pour les recettes de fonctionnement par habitant qui doublent, passant de 1 321 € à 2 859 €." Ce que l’élu d’opposition savait évidemment trop gros pour être vrai, le DGS de la Ville Yannick Hivin, expliquant de longues minutes plus tard "que la nomenclature comptable avait en effet évolué cette année", ce qui explique ce différentiel important.
Un exemple parmi d’autres du chipotage, des inexactitudes, approximations et autres attaques ad hominem qui ont ponctué ce vote du budget, au nom évidemment de l’intérêt général et des Agathois. Qui, et c’est heureux, n’ont pour la quasi-totalité d’entre eux pas assisté à ce drôle de spectacle, qui n’a pas grandi la politique locale.
Olivier Raynaud
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