Malgré la volonté de rompre le contrat de DSP, une quarantaine de nouvelles habitations vont être installées cet été à la Clape. VISUEL COTTAGE PARKS
Midi Libre 15/03/2025
Le président de la société, François Cros, a déjà investi plusieurs millions d’euros à la Clape et à la Tamarissière et augmenté le chiffre d’affaires. Il regrette aujourd’hui un dialogue compliqué avec Sébastien Frey et ses équipes.
Depuis quatre ans maintenant et ce jusqu’en 2038, la société Cottage Parks s’est vue confier la gestion et la commercialisation des campings municipaux de la Clape et de la Tamarissière, dans le cadre d’une délégation de service public. Une DSP qui prévoyait à sa signature un plan d’investissement de 15 millions d’euros, ainsi que le versement d’un loyer à la commune qui se voulait progressif, dans une fourchette moyenne de 1,3 M€ par an. Moins élevé en début de contrat (670 000 € en 2023 par exemple), mais plus important dans les dernières années (2,2 M€ en 2038). Jusqu’ici, tout allait bien.
Mais dans le sillage de l’association citoyenne Agathé, des voix se sont élevées contre les aménagements effectués par l’opérateur sous les pins classés de la Tamarissière, notamment l’installation de quarante d’habitations légères de loisirs et la construction d’un lagon, le tout avec l’assentiment de l’ancien maire Gilles d’Ettore, proche de François Cros. Oui mais voilà, l’affaire dite de la voyante est passée par là il y a un an, entraînant la démission de Gilles d’Ettore de l’ensemble de ses mandats. "Cette affaire nous a mis en difficulté", souffle l’exploitant, qui n’a pas renié son amitié pour autant.
Reste que l’arrivée de Sébastien Frey dans le fauteuil de maire, en juin dernier, a changé la donne. Notamment dans le message adressé par la Ville à Cottage Parks, que l’on pourrait traduire par : “désormais, il faut faire les choses dans les règles.”
Pour s’être affranchi de quelques règles d’urbanisme justement, dans cette zone naturelle hautement contrainte, Cottage Parks pourrait perdre en appel le mois prochain devant le tribunal administratif et être obligée de démonter ses nouvelles habitations. Ce qui en pleine période de réouverture, serait effectivement un coup dur porté au camping de la Tamarissière, alors même que les chiffres de fréquentation et les résultats nets de ces derniers exercices sont bons. Une situation qui pousse l’homme d’affaires à aller plus loin, en demandant purement et simplement la résiliation de la délégation de service public.
"Nous avons beaucoup investi, comme cela était prévu et même un peu plus. À la fin de cette année, nous en serons à 25 millions d’euros d’investissements", explique celui qui va même créer cet été de nouvelles installations à la Clape, avec des habitations mobiles regroupées en mode Bali tout autour d’un lagon. "Il faut bien continuer d’avancer, car je ne sais pas de quoi demain sera fait", justifie François Cros, qui a visiblement du mal à renouer le contact avec la Ville. "J’ai l’impression que Sébastien Frey m’a pris un peu en grippe… On a discuté, j’ai rouvert le camping aux promeneurs cet hiver et quinze jours après, je recevais des mises en demeure de la mairie. J’en ai marre, je ne peux plus travailler comme ça."
Évidemment, si résiliation il y avait, et nous en sommes encore loin, il y aurait des discussions autour de la question des compensations financières que devrait payer la commune. François Cros n’a pas souhaité évoquer le sujet, mais le chiffre de 30 à 40 millions d’euros circule ! De quoi faire réfléchir tout ce petit monde, qui va de toute façon devoir discuter, trouver des solutions. Notamment sur le devenir de la pinède de la Tamarissière, en péril si l’on en croit le délégataire."Ce site patrimonial remarquable repose notamment sur sa forêt. Or, elle est attaquée par un insecte, le scolyte et se meurt peu à peu. Il y a 100 à 150 arbres à abattre et nous menons actuellement une évaluation avec les services de l’ONF, avant une étude paysagère. Ce serait aussi à la Ville de s’en occuper." Mais en l’état des relations, l’avenir du camping s’écrit aujourd’hui en pointillé.
Olivier Raynaud