Le Collectif des Plaisanciers du Cap d’Agde (CDPCA) vient de voir son recours rejeté par le Tribunal administratif de Montpellier, le 18 septembre 2025.
Après plus de deux années de procédure, le tribunal a jugé la requête irrecevable pour une simple question de procédure, sans jamais examiner le fond de l’affaire.
Deux ans d’attente pour apprendre que la voie juridique n’était pas la bonne : voilà de quoi nourrir la défiance croissante des citoyens envers la justice. L’avocat de la mairie avait soulevé ce point, et le juge a suivi l’avis du rapporteur public, représentant de l’État.
Pourtant, les faits dénoncés par le CDPCA étaient bien réels : l’augmentation des tarifs portuaires avait été justifiée par une hausse fictive des coûts d’électricité, la Chambre régionale des comptes a confirmé l’opacité et la gestion chaotique de la SODEAL, la délégation de service public a été résiliée dès le 1er juin 2025, seize ans avant son terme, la SODEAL sera prochainement liquidée.
Tout ce que le CDPCA contestait s’est révélé fondé, mais la justice n’a pas permis que ces arguments soient débattus.
Le combat ne s’arrête pas là. La mairie a décidé de reprendre en main directement la gestion des ports, sous la forme d’un SPIC (Service Public Industriel et Commercial). Mais en réalité, rien ne change : la même direction est maintenue, sans répondre aux exigences de compétence que suppose la gestion d’équipements portuaires de cette importance.
Pour les usagers, la question reste entière : comment garantir une gouvernance transparente, compétente et tournée vers l’intérêt général, alors que les pratiques passées perdurent sous une autre étiquette ?
Quelle place pour les citoyens ?
Depuis plus de dix ans, les courriers et demandes de contrôle de légalité adressés à la préfecture par le CDPCA sont restés sans réponse.
Aujourd’hui, l’association est condamnée à 1 500 € pour avoir tenté de défendre les plaisanciers, ce qui fragilise sa survie.
Le CDPCA envisage de faire appel devant la Cour administrative d’appel de Toulouse, de mettre en cause la responsabilité de son avocat pour faute professionnelle, et de poursuivre son rôle de vigie citoyenne face à une gestion municipale qui change de façade sans changer de pratiques.
Au-delà du Cap d’Agde, c’est une question nationale qui se pose : que reste-t-il de l’État de droit, si les citoyens regroupés en association ne peuvent ni être entendus par la justice, ni obtenir de réponse des services de l’État ?
Article rectifié le 03/10/2025 suite erratum