Midi Libre 21/03/2025
Apporter des regards différents sur l’affaire de Gilles d'Ettore, le maire d’Agde et de la voyante. C’est ce que tentent de faire quatre témoins qui ont croisé l’édile déchu. Ainsi, Julie Aubert, une numérologue, explique son comportement, Fabrice Mur, opposant politique historique de Gilles d'Ettore commente la situation locale et enfin un détenu et un surveillant de prison, du Gasquinoy, où Gilles d'Ettore a passé trois mois, rapportent le comportement de l’élu derrière les barreaux.
Il y a un an, éclatait une affaire rocambolesque qui a précipité Gilles d'Ettore, le maire d’Agde en détention provisoire. Depuis quatre ans, l’édile consultait une voyante a qui il a accordé des largesses grâce à des financements provenant de grandes entreprises locales. Lui et sa voyante, Sophia Martinez ont été incarcérés, puis remis en liberté sous contrôle judiciaire, trois mois plus tard. Ils n’ont plus le droit de revenir dans l’Hérault depuis. La voyante aurait utilisé des subterfuges pour tromper l’élu. Il l’aurait découvert lors de sa garde à vue en découvrant les dons de ventriloquie de Sophia via une vidéo que lui ont présentée les policiers. Depuis la mise en examen de Gilles d'Ettore et de Sophia Martinez, 17 personnes ont été mises en examen, des dizaines d’autres ont été entendues. Et ce n’est pas terminé.
Julie Aubert est numérologue à Pézenas. Elle a fait parler les chiffres pour faire le portrait et retracer la vie de Gilles d’Ettore. Elle évoque aussi le travail des voyantes, de Sophia Martinez, et la différence avec la numérologie.
"Quand un consultant vient nous voir, il cherche des réponses à ses questions. Il veut se connaître, se comprendre. Nous, les numérologues, sommes là pour leur donner des indications en fonction des chiffres que nous tirons, de leur date de naissance et de leur nom. La numérologie est une science et nous allons alors travailler sur une trentaine de chiffres. Une voyante, elle, peut influencer, diriger, guider vers des chemins de traverse qui sont parfois tortueux. Nous, nous conseillons et nous analysons. Je peux le dire avec certitude, Gilles d’Ettore est un amoureux de la vie, de sa ville et des femmes. Ça n’est un secret pour personne, mais nous le retrouvons dans les chiffres et les cartes."
En se basant sur les chiffres et les cartes tirées, Julie Aubert l’assure : "La voyante a vu une faille chez le maire d’Agde et l’a exploitée. Mais il est encore temps pour une introspection, une analyse des faits pour revenir sur le droit chemin."
Surveillants de prison et détenus entendent rester discrets sur les trois mois qu’ils ont partagé avec l’ancien maire d’Agde, au Gasquinoy à Béziers. Patrick, un ex-détenu, l’assure : "Il n’avait pas la grosse tête. Il discutait avec tout le monde depuis la cour de promenade alors qu’il n’était en contact physique avec personne. Il a aidé du monde. Vraiment. Il a été généreux en partageant ce qu’il avait avec d’autres qui n’avaient rien. Il a vraiment fait jouer la solidarité comme on ne l’imagine pas. Je suis Agathois et j’espère vraiment qu’il redeviendra maire, il a fait pour nous, mais aussi pour notre ville et nous n’oublierons pas."
Un surveillant de détention va dans le même sens : "C’était une personnalité que nous devions protéger. Mais rapidement nous avons compris qu’il n’y aurait pas de problème. Il était fort face aux détenus qui lui parlaient depuis leur cellule. Il a accepté d’apporter de l’aide comme il le pouvait. C’est vraiment à souligner. C’était un détenu respectueux et à l’écoute. Je ne dirais pas que sa détention a été facile. Je n’étais pas dans sa tête, mais en tout cas, en public, il ne montrait rien. Une fois dans la solitude de sa cellule, ce devait être autre chose."
Fabrice Mur est l’opposant historique de Gilles d’Ettore en politique. Retiré des affaires, il garde toujours un œil avisé sur sa ville. Les événements d’il y a un an l’ont marqué et surpris, comme tous les Agathois : "Je n’imaginais pas qu’il puisse tomber pour une telle affaire. Une voyante, c’est rocambolesque. Nous avons imaginé tous les scénarios, mais pas celui-là. Mais je ne suis pas de ceux qui se réjouissent du malheur des autres. J’ai perdu devant Gilles d’Ettore car il n’est jamais aussi bon que dans une campagne politique. J’ai aimé combattre face à lui et je le respecte pour cela et même s’il n’a pas été tendre avec moi ou son opposition de l’époque."
Fabrice Mur se souvient de conseils municipaux difficiles, houleux. "Nous étions traités comme des moins que rien. D’Ettore, c’était un despote à sa façon. Il faisait passer ses idées comme le fait la majorité actuelle. Rien n’a changé depuis son départ. C’est son premier adjoint qui mène sa politique. Un premier adjoint qui a plus d’expérience que lui en politique puisqu’il était adjoint à la culture sous Régis Passérieux et qu’il est toujours là aujourd’hui. D’Ettore n’est plus là, mais son système perdure toujours."
Jean-Pierre Amarger
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