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Voilier-sellier, un métier dans le vent !

mercredi 07 novembre 2007

Sujet : Actualités


 

Avec l'engouement toujours soutenu pour la plaisance, ce noble métier a le vent en poupe et surfe allègrement vers un avenir serein. Nous allons donc interroger un des maîtres-voiliers de la station : M. François ALICOT.

François, vous étiez au début de votre carrière un artisan atypique puisque vous tourniez le dos aux autres professionnels en vous installant sur une île, l'île des pêcheurs, plein sud, face à la belle bleue.

En effet, cet exil était plaisant de par la vue mais j'étais un peu excentré de la zone technique, véritable poumon de la station qui s'était considérablement développée et qui devenait un point de passage obligatoire. Une opportunité s'est présentée avec la vente d'un grand local. Celà a contribué d'ailleurs à l'installation de trois professionnels. J'ai pu disposer d'un plancher de 250 m2 sur la partie haute. Une surface correcte pour développer mes activités.

Comment devient-on artisan en voilerie ? J'ai dans l'idée que le Papa qu'on a toujours vu au Cap sur son beau et élégant "Diva" y est pour quelque chose..

C'est vrai qu'abandonner la Fac de Lettres de Toulouse pour entreprendre ce métier, celà peut sembler curieux..Mais, depuis mon enfance et mon inscription à 10 ans, à l'école de voile de Leucate, j'ai attrapé l'amour et la passion des voiliers. Mais, je dois vous avouer que mon père, lui, a commencé par un bateau à moteur...(!) Et un jour de tramontane et à Leucate, la "Tram" souffle plus qu'ici, ma mère eut la riche idée de déclarer :"Mais enfin, pourquoi on n'utiliserait pas cette force naturelle pour nous déplacer !!" C'est ainsi que la voile fit enfin son apparition dans le cercle familial  pour mon plus grand bonheur. On commença par un Sangria puis un Gib'sea 30 suivi d'un First 32 et enfin de Diva, un Sun-Shine taillé pour la course! Et nous partions vers des horizons à découvrir, de véritables enchantements..La baie de Cadaquès, Port lligat, les calas désertes des Baléares à cette époque..

Désolé de couper court à ces croisières familiales qui ont égayé votre jeunesse, mais parlez-nous un peu de votre travail.

je suis resté seul quatre ans et puis je me suis associé avec Pascal Millot qui m'a admirablement secondé car il est plus facile d'être en duo pour travailler sur les bateaux. Mon activité première est la commercialisation de voiles neuves Elvstrôm, 100 % française comme son nom ne l'indique pas.

En effet drôle de nom !

C'est un coureur du nom de Paul Elvstrôm qui a crée l'entité "Elvstrôm Danemark" et son équipier Johansen a crée "Elvstrôm France" en 1954. Les tissus sont en polyester, kevlar, carbone, selon l'utilisation. Les voiles sont découpées au laser.

Parlez-nous de votre atelier pour l'entretien et la réparation.
 
Une surface plus grande, une plaisance en forte augmentation, une demande toujours croissante, j'ai donc crée trois emplois permanents avec aussi l'apport d'un saisonnier.

Les enrouleurs c'est pour quand, en régate ?

Sauf dans les courses au large, l'enrouleur de génois est proscrit en régate. C'est incompatible avec la performance.

Alors, inutile de vous parler d'enrouleur de Grand-voile !

En effet, le régatier recherche la vitesse et les enrouleurs sont bannis. Mais, les enrouleurs sont quasi nécessaires pour le plaisancier qui recherche un bon compromis car les voilures se sont adaptées et les performances améliorées. Et puis, la facilité de manoeuvre, les réductions de voilure facilitées dans le gros temps et la libération des coffres ! Les épouses ou équipières ont des rangements qui n'existaient pas avant ! Au sujet des voiles, le spi en croisière notamment est supplanté par le spi asymétrique qui évite les fastidieuses manoeuvres avec le tangon. Et puis, la chaussette s'est généralisée. Mais, on n'arrête pas le progrès, on nous demande maintenant des Gennakers, voiles presque aussi performantes que les spis et qui ont le gros avantage d'être montées sur des emmagasineurs. Exit la chaussette.. On en voit d'ailleurs dans les courses au large. De toutes façons, on conseille toujours le plaisancier et nous essayons d'adapter la voilure à son programme de navigation. Du sur-mesure en quelque sorte..

Il n'y a pas que la voilerie puisque vous avez créé un secteur de sellerie marine.

Nous devons faire face à une forte demande de biminis et de capotes de roof. D'ailleurs, la moitié de l'atelier est occupée par cette activité. Nous faisons aussi le coussinage intérieur. Toujours du sur-mesure pour la satisfaction de nos clients. C'est Miguel Lemoine qui a la charge de cette importante activité.

  

Nous allons en terminer, mais je sais que vous êtes un passionné de la régate et de la course au large. Avez-vous le temps de continuer cette passion et voulez-vous nous donner votre palmarès, même si votre modestie doit en souffrir ? 

Rassurez-vous, je suis présent aux régates hivernales sur notre beau plan d'eau. La SORAC nous propose de bons parcours avec un encadrement dont je salue le dévouement. Pour ce qui est des compétitions que nous avons gagnées, je dis nous, car  la victoire est toujours collective, je peux vous citer : La Giraglia sur Cha Cha (First 41 S5), la Semaine d'Alassio en Italie, la SNIM à Marseille (deux fois), la Rolex-Cap à St-Tropez sur X FILES. Mais, je n'ai plus le temps de partir en famille..De toutes façons, ma femme et mes enfants ne sont  pas encore assez amarinés..

François, je sais que dans le fond de votre coeur, vous pensez qu'un jour  viendra  pour que votre cercle familial perpétue encore  cette belle passion...En attendant, merci d'avoir répondu à nos questions, surtout dans le coup de bourre du Salon Nautique !

Propos recueillis par notre correspondant : Henri GEOFFROY



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