Gruter au Cap d'Agde par vent du Nord peut s'avérer une opération délicate que beaucoup de plaisanciers appréhendent à juste titre. Nous allons voir pourquoi à partir d'une expérience personnelle vécue ce week-end, mais que l'on peut facilement généraliser.

Tout d'abord, cette opération aura souvent lieu en début de saison après une longue période d'hivernage propice à la prolifération de salissures sur l'hélice. En conséquence, votre bateau sera probablement moins manœuvrant que d’habitude et ses réactions au moteur seront lentes et imprévisibles, tout particulièrement en marche arrière quand le vent s'en mêlera.

N'oubliez pas, non plus, que vous serez souvent seul... Vous constaterez, en effet, qu'une corvée de carénage intéressera peu vos amis qui, ce jour là, seront curieusement très occupés ailleurs. Il faudra donc vous débrouiller par vos propres moyens, tant au départ du ponton qu'à l'arrivée dans la darse.

Comme il fallait s’en douter, la chance ne sera pas avec vous ! Ce jour là, une tramontane soutenue sera au rendez-vous et l'impitoyable Eole placé en embuscade vous attendra pour vous asséner une risée assassine au moment critique, c'est à dire à l’instant précis où, après avoir soigneusement ralenti, vous deviendrez vulnérable en vous mettant en travers du vent pour vous engager dans la darse à vitesse réduite, offrant ainsi votre fragile gelcoat aux redoutables mâchoires des poulies du travel-lift.

Bien entendu, vos pare battages ne seront jamais au bon endroit ni à la bonne hauteur et, si par chance, ils y étaient, ils ne manqueront pas de se soulever malencontreusement lorsque l’indispensable dernier coup de marche arrière viendra vous plaquer irrémédiablement contre le béton du quai.

Cà y est, vous serez arrivé... Mais aurez vous vécu un moment de plaisir et de sérénité?

Qu’auriez vous pu souhaiter?

D'abord que les concepteurs des infrastructures portuaires tiennent compte des vents dominants et orientent les darses en conséquence. Qui peut ignorer la fréquence et la force de la Tramontane en Languedoc ?

Ensuite que par sympathie, pitié ou charité, quelques badauds, promeneurs et/ou plaisanciers spectateurs donnent un petit coup de main amical en aidant à déborder.

Enfin que par conscience professionnelle les grutiers soient présents, disponibles et attentifs.

Manifestement, aucune de ces trois conditions n'était réunie ce week-end. Mais peut être aurez vous plus de chance que moi quand ce sera votre tour … Bon courage !

Coeurdelion