Un différend sérieux oppose les kite-surfeurs et véliplanchistes aux pêcheurs de l'étang d'Ingril Pour tout véliplanchiste ou kite-surfeur, le "spot" de Frontignan est, avec celui de Leucate (Aude), le plus célèbre de la côte méditerranéenne. Sur l'étang d'Ingril, bénéficiant du vent de nord-ouest, entre la colline de Sète et le massif de la Gardiole, les amateurs de planche à voile et de kite-surf peuvent "naviguer" en toute sérénité, dans des eaux peu profondes.

Certains jours, ils sont très nombreux à s'adonner à cette passion sur le plan d'eau. Cette spécificité est d'ailleurs avérée par les institutions départementales, qui ont identifié la voie d'accès à ce spot comme le "rond-point des véliplanchistes". Et lors des récents travaux engagés par le conseil général, le parking a été totalement réaménagé.

Mais les véliplanchistes qui naviguent sur l'étang d'Ingril évoluent sur un site dédié à la pêche. Et la cohabitation s'est envenimée, ces derniers mois. « Nous avons vu apparaître des clous sur le parking, qui ont crevé des pneus de voitures » , explique Gilles Prost- Boucle, le président de l'association Inkiwi, Ingril kite wind club, qui regroupe 25 passionnés. « Nous avons collecté 3 kgs de clous sur le parking. Des pieux inversés ont aussi été plantés dans l'étang, dans une volonté évidente de nuire. Nous avons même vu un pêcheur foncer sur un planchiste avec son bateau, une expérience traumatisante. Auparavant, jamais nous n'avions eu de problème » .

Pour ces amateurs de sport de glisse, qui ont colonisé le spot de Frontignan depuis une vingtaine d'années, pas question d'attendre « la prochaine étape » , qui serait l'apparition de « tessons de bouteilles, sur les bords de l'étang. Nous voulons naviguer en toute sécurité » , demande Gilles Prost-Boucle, au nom de ses collègues. « Sans attendre un accident grave » .

Le président de l'association Inkivi a donc adressé des courriers à plusieurs élus municipaux, c oncernés par le dossier. Une réunion a été organisée avec les Affaires maritime s de Sète, qui « nous ont expliqué que les décisions à prendre appartenaient à la Ville ». Du côté de la municipalité donc, on explique le problème par « un non respect de l'espace partagé, entre deux communautés qui veulent s'exclure » . Pour le résoudre, la Ville réfléchit avec les Affaires maritimes à une « prise de responsabilité, dans le cadre du Schéma partagé de la mer. Le jour où nous l'aurons, nous pourrons effectuer un balisage, et nous verrons comment faire respecter le pouvoir de police ».

Alain Bonafoux, l'élu chargé de l'environnement, demande que « les choses soient cadrées. Il faut répondre à la question : "Quels sports peuvent être pratiqués sur cet étang ?" Car à mon avis, le kite peut être dangereux. Ensuite, il faut définir un périmètre, et définir des horaires. Nous devons permettre au pêcheur d'aller caler ses filets, une heure avant le coucher du soleil, par exemple ». L'élu frontignanais n'oublie pas en effet les « onze familles de pêcheurs qui vivent sur cet étang » . Il précise d'ailleurs que « les pêcheurs ne s'opposent pas aux véliplanchistes » .
En conclusion, l'ancien pêcheur qu'est Alain Bonafoux reconnaît qu'une « réunion de concertation sera nécessaire » , pour faire retomber la pression, entre les deux communautés.

Thierry LEVESQUE