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Publiée le 05-06-2022

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Revue Presse : Philippe Cury : « Il y a urgence : il faut pêcher autrement... »


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Photo V. ANDORRA

édition du lundi 17 novembre 2008

Nom : Cury
Prénom : Philippe
Age : 51 ans

Signes particuliers : Docteur ès sciences, membre de l'Institut de rercherche pour le développement, directeur du Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale, basé à Sète
Actualité : le scientifique a coécrit avec Yves Miserey, journaliste au Figaro, "Une mer sans poisson", ouvrage alertant sur la surexploitation des mers et des océans. Il était hier à Sète.

Vous avez donné, hier à Sète, une conférence dans le cadre de la Journée de la Mer. Quel en était le sujet ?

Le thème du livre que j'ai coécrit avec Yves Miserey, intitulé Une mer sans poisson. A savoir le futur des pêcheries et le fait qu'aujourd'hui, l'état de surexploitation de la ressource est chronique. Il devient impératif de pêcher autrement, d'aller vers une approche plus responsable de la ressource.

De quelle manière ?

Il faut travailler à la fois sur la valorisation de produits, les économies d'énergies et la communication. En tout cas si les pêcheurs veulent que leur activité puisse se poursuivre, car il y aura d'autres crises, peut-être plus douloureuses que celle du pétrole.

Qu'est-ce que la communication vient faire là-dedans ?

C'est essentiel. Par exemple, l'Espagnol Sene Pesca, une des plus grosses flottilles de pêche mondiale, vient de signer un accord avec l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) pour une pêche durable. Sene Pesca récolte les fruits de cette communication et la ressource bénéficie des retombées de ses engagements en terme d'exploitation raisonnée.

Sète est devenu le 1 er port de pêche français pour l'anchois (58 % de la production française) et le poulpe. Les pêcheurs sétois doivent-ils aussi revoir leur façon d'exploiter ces ressources-là ?

A ce jour, on a largement surexploité le stock de prédateurs (merlu, mérou...). Donc, aujourd'hui, on se rabat sur les stocks d'anchois, de sardines, etc, qui sont devenus les plus exploités à travers la planète. Toutes les pêcheries ont porté l'effort sur ces espèces pélagiques dont le taux de renouvellement est certes important (de 1 à 4 ans). Mais attention, elles peuvent aussi être surexploitées. Il faudra, là aussi, mieux gérer.

Quelle est la solution ?

On réglera le problème de la surexploitation quand on gérera celui de l'accès aux ressources. Les pêcheurs ne doivent pas être en compétition. Depuis que c'est le cas, c'est la fuite en avant : on est partis plus loin, exploiter d'autres ressources, mais aussi toujours plus profond.

Est-ce le cas en Méditerranée ?

On a longtemps parlé de miracle méditerranéen, où l'on pouvait même pêcher du petit poisson puisque les fosses profondes étaient préservées. Or, on sait aujourd'hui qu'une pêcherie espagnole s'est donnée pour objectif d'exploiter ces réserves-là. Il faut réagir, gérer des situations saines avant que l'écosystème n'en puisse plus. Il faut changer les pratiques.

Qui porte la plus lourde responsabilité ?

Elle est partagée. Par exemple, il n'y a pas de communication entre pêcheurs et chercheurs alors que le jour où il n'y aura plus de pêcheurs, il n'y aura plus de chercheurs. Mais il faut également que les subventions soient données pour changer les pratiques, pas pour aller toujours plus loin. Et il faudra que les politiques associent les ONG à la réflexion.

A quel horizon entrevoyez- vous le scénario catastrophe, si rien ne change ?

Nous y sommes déjà en certains points du globe. L'écosystème le plus productif du monde, en Namibie, est exsangue : il n'y a plus de sardines, plus d'anchois. Il ne reste que des méduses et des gobies. On a laissé faire pendant quarante ans, et pour ainsi dire, ça marche : il n'y a plus rien. La nature est robuste, mais jusqu'à un certain point.

Avez-vous subi des pressions à la parution de votre ouvrage ?

Non, aucune. Et sa sortie a même eu des effets positifs : pour la première fois, j'ai pu rencontrer des pêcheurs, et discuter.

Recueilli par Patrice CASTAN



Publié le : Lundi 17 novembre 2008