Le départ est donné samedi 19 octobre à 13 heures. Un parcours qui nous emmène de Barcelone vers les Balèares, contournement de Minorque, traversée par le "grand canal" entre les îles et enfin retour sur Barcelone. Au total 300 milles en solitaire avec des conncurrents de toutes nationalités (espagnols, italiens, anglais, polonais et aussi .. français).

Très bon départ pour le 313 dans 25 noeuds de vent (1er sur la ligne, pour les incrédudule cf. la photo ci-dessus). La première nuit est mouvementée et un peu "humide" avec des rafales à 30 noeuds, un front orageux qui va nous éclairer régulièrement comme en plein jour. La flotte se scinde en deux : les "nordistes" et les "sudistes". Colibri prend l'option nord, payante au début car plus de "pression" mais qui s'avère vite être un fiasco puisqu'elle nous conduit à buter réellement contre le front orageux.

Le vent tombe et refuse à un tel point qu' à un certain moment le cap est au 180°, très bon cap pour qui veut se rendre au Maroc mais pas idéal pour les Baléares ! Le front finit par se décaler vers le nord, la voie est donc à nouveau libre mais les sudistes en ont profité pour prendre la poudre d'escampette. Au petit matin les côtes découpées des îles apparaissent à l'horizon; quelques concurrents devant mais personne derrière, mauvais signe.

Alors que tous les concurrents décident de piquer droit sur le sud de Minorque et de tirer des bords à la côte, Bertrand tente une option solitaire: tirer un très long bord au large et passer le Nord de l'île sur un seul bord. En effet comme le vent vient de l'est il existe théoriquement un effet d'amortissement lorsque celui-ci vient buter contre les reliefs. Option 100% payante cette fois-ci puisque Colibri recolle avant le coucher du soleil à un groupe de 8 bateaux.

Dans la journée des globicephales sont venus chatouiller Colibri. Quel spectable! Et les dauphins en bandes qui semblent aussi vous indiquer la bonne route. Passé la pointe Nord-Est de Minorque on peut enfin lacher les chevaux puisque il est enfin possible de sortir la garde robe. Une nuit de glissade sous grand spi avec une moyenne de 8-9 noeuds et des sur surfs à 10-12 noeuds. Que du bonheur quoi! Et le pilote qui marche à merveille, ce qui fait que par périodes de 20 minutes, Bertrand va dormir comme un bébé (pratiquement 5 heures en tout alors que la veille on totalisait 40 minutes de sommeil)... la journée suivante est une belle journée d'été , torse nu il fait encore presque trop chaud (incroyable pour un mois d'octobre).

Les batteries du bateau et du bonhomme sont rechargées à bloc. Et ce ne sera pas superflux car le soir à l'approche de Barcelone le vent tombe à nouveau jusqu'à 0 noeuds et nous nous retrouvons englués à 3 milles de la ligne d'arrivée uniquement portés par le courant. La guerre des nerfs commence avec 8 bateaux dans un mouchoir de poche.

Soudain vers minuit une brise de terre se lève, Colibri est parmi les premiers à degainer son genaker et laisse derrière lui six concurrents. Encore un peu de stress sur la ligne d'arrivée déventée.

Colibri termine 16ème sur 32 et surtout 8éme de série ce qui est très bien compte tenu de l'ancienneté du bateau (on vous parle même pas du skipper). En effet tous les autres concurrents ont des bateaux théoriquement beaucoup plus rapides.

Ainsi s'achève la saison 2008, on commence à rèver à une grande course: et pourquoi pas Les Sables - les Açores - les Sables en 2010? A suivre...

Bertrand de Pontual