«S'il faut durcir le mouvement, on le durcira» affirmait hier matin Patrice Gros, patron-pêcheur de thon à la thonaille (filet maillant traditionnel), au Grau-du-Roi.

A l'instar de dizaines de collègues sur la façade méditerranéenne, il a manifesté pour protester contre la décision de l'Union européenne d'augmenter de 10 à 30 kg la taille minimale des prises de thon rouge. « L'Europe a décidé que seuls les thons de plus de 30 kg pourront être pêchés.

Pour nous, c'est impossible car les thons de cette taille ne représentent que 1 % de nos prises. En moyenne, nous pêchons des thons de 12 à 15 kg », a déclaré Patrick Mirete, un des pêcheurs participant à l'action dans le port de Cap d'Agde , où l'on compte six « petits métiers ».

A Hyères (Var) et Port-Camargue (Gard), de sept à huit bateaux se sont aussi rassemblés en guise de protestation. « L'Europe méprise les thonailleurs et accorde des dérogations : 6,4 kilos aux pêcheurs basques français, 8 kg aux Espagnols. Mais elle oublie la thonaille méditerranéenne », a déploré le Syndicat professionnel des thonailleurs, soulignant les risques de disparition de cette forme de pêche.

Elle est pratiquée par 80 bateaux en Méditerranée dont 90 % font moins de 14 mètres de long. 300 tonnes de thon rouge sur les 6 200 tonnes accordées par quota à la France sont pêchées de cette manière. 350 familles en vivent directement, selon le Syndicat professionnel des thonailleurs. « Nous ne sommes pas des pêcheurs industriels de thon. La production annuelle de tous les petits métiers de Méditerranée est inférieure à celle d'un thonier industriel ! » Des responsables des thonailleurs devaient rencontrer des conseillers du ministère de la Pêche à Paris mardi et mercredi.

L'appui de parlementaires était prévu. « Selon le résultat de ces discussions, nous déciderons du type d'action à mener », a précisé M. Mirette en n'excluant pas d'éventuels barrages des ports. Le 11 juin, les 27 États de l'Union européenne ont adopté un plan de sauvegarde des thons rouges en Méditerranée qui prévoit notamment de diminuer dès cette année les quotas de pêche de 10 % et à augmenter, à partir de 2008 à 30 kg la taille minimale des prises afin de laisser aux thons le temps de se reproduire.

La Commission européenne devrait décider, aujourd'hui même, de poursuivre la France en justice pour... « ne pas avoir interdit la pêche à la thonaille en Méditerranée ».

A. J.