Edition du 14 Septembre 2007
Les mines sont mâchées, ramadan oblige. Mais les sourires habitent voyageurs et promoteurs de la nouvelle ligne régulière entre Sète et trois ports algériens. Hier matin, quai Colbert, davantage habitué aux phosphates et aux livraisons d'éoliennes, le Corse, ferry de la SNCM, embarque ses tout premiers passagers, direction Skidda.
Un lancement sans tambour ni trompette (la date d'inauguration est inconnue). Mais dans une ambiance de légère euphorie. « Ce n'est pas tous les jours qu'une ligne s'ouvre à Sète ! », claque un opérateur. Même le capitaine du navire, Pierre L'Huillier, n'affichait aucun stress. La ligne a été lancée rapidement, sans campagne marketing, et n'accueillait, hier, que quelques dizaines de passagers (une vingtaine de voitures) et une poignée de camions.
Le feu vert de la direction de la SNCM, à Marseille, ayant été donné le 23 juillet, créer un espace hors Schengen, avec postes de douanes, de police en préfabriqués, parkings délimités, zones de contrôle de fret et passagers, WC chimiques, relevait de l'exploit. Sur place, un panel de voitures immatriculées en Haute-Savoie, dans les Alpes-Maritimes, le Nord, et même en Angleterre et en Allemagne, patiente.
Pour un embarquement express. « J'avais l'habitude de partir de Marseille, dit ce conducteur. J'ai découvert Sète sur internet. C'est pratique. Je vais à Skidda pour le ramadan. » Moyennant 725 € pour deux passagers et la voiture. Un autre, de Nantes, est content de l'opportunité. « Ah bon, on est les premiers ? » s'étonne-t-il, souriant, avant de s'engouffrer dans le Corse. Les responsables de la ligne, eux, opinent, sourient portable collé à l'oreille.
Tout le monde espère que le « fret démarrera quand les opérateurs verront le bateau revenir. Tout est basé sur la confiance » d'une ligne, vitrine d'un possible trafic mixte fret-passagers vers l'Algérie et au-delà, peut-être, vers le Maghreb. Un gros enjeu pour Sète qui verrait s'amorcer une autoroute de la mer.
Textes : Olivier SCHLAMA