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Publiée le 05-06-2022

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​Vendée Globe Bravissimo !

Le dernier skipper revient après être allé voir ce qu’il y avait au-delà de l'horizon

Alessandro a coupé la ligne ce vendredi. Et ce fût le clap de fin sur cette extraordinaire édition du Vendée-Globe... Il y a presque de quoi être triste.

Après une dernière nuit mouvementée et particulièrement difficile pour le skipper franco-italien, il en aura donc terminé en 104 jours de navigation lui qui, au départ, avouait ne pas être un régatier aguerri. Il s’était révélé à lui-même à l’occasion d’un précédent tour du monde sur un Mini 6,50 ; il s’est désormais révélé au grand public, autant que tous ses concurrents, comme un marin d’exception.

Certes, dès les premières heures de course, il accuse un certain retard sur la tête de la flotte, mais peu importe. Alessandro fait un autre type de course : celle de l’apprentissage, celle de l’engagement personnel, celle de l’aventure. Il a pour cela et avec le plus petit budget de la flotte, acquis un voilier d’ancienne génération, le seul à quille fixe. Ce bateau a déjà 3 Vendée-Globe « dans les pattes ». Le premier il l’a réalisé aux mains de Thomas Coville, le second dans celles de Sébastien Josse et le troisième avec Cali à bord. Alessandro s’entoure alors d’une équipe franco-italienne enthousiaste et prépare son projet pour tout donner mais avant tout pour « boucler la boucle ».

Objectif atteint

Pas plus que les autres les soucis ne l’auront épargné : des drisses rompues, des voiles déchirées, des mers démontées, et une cotte cassée dans un empannage intempestif. Mais rien n’y fait, il est toujours là, accompagné de son ineffable joie d’être en mer. Alors, il l’a bouclée sa boucle, et bien bouclée. Son temps est meilleur que celui du vainqueur de la troisième édition de la course. Et l’écart entre lui et François, le magnifique premier, est le plus faible jamais enregistré. Bravissimo !

Mais que va-t-on faire maintenant ?

Nous n’aurons plus les crêpes de la chandeleur en plein Atlantique d’Alessandro, nous n’aurons plus les exploits de Bernard, de Tanguy ou de Jean-Pierre, nous n’aurons plus le match invraisemblable de François et d’Armel…

L’aventure vient de se terminer, il est donc temps pour nous d’aller vivre les nôtres. Chaussez vos bottes, enfilez vos cirés et sortez voir ce qu’il y a derrière l’horizon. Si vous écoutez les skippers qui viennent d’en terminer avec ce fabuleux Vendée-Globe, ils vous diront tous que derrière, au-delà du risque, de l’inconfort et parfois de la peur, il y a tout simplement… de la magie et peut-être même du romantisme.

Bonnes navigations à tous.

David Augeix


Publié le : Dimanche 24 février 2013

​Vendée Globe La victoire du cœur

Tanguy a franchi la ligne en fin de matinée après une bien belle route 

Tanguy est arrivé aujourd’hui après 98 jours de mer à bord d’Initiative Cœur. Un bien beau mécénat en faveur de l’association du même nom qui œuvre afin de permettre à des enfants atteints de déficience cardiaque d’être opérés… et sauvés.

Au-delà de son engagement aux côtés de cette association, Tanguy en aura démontré du cœur ! Parti sur l’ancien « Whirlpool » de Catherine Chabaud, bénéficiant d’une préparation bien plus courte que celle des meilleurs, il savait qu’il partait plus pour l’aventure que pour la victoire. Il aura été servi. La découverte des mers du sud, leurs lumières, leur isolement, leur beauté brute, sauvage, violente parfois… et au bout le Cap Horn, le cap de la délivrance comme on dit.

Sauf que, cette fois-ci, la délivrance n’était pas forcément au rendez-vous. Jean Le Cam, Cali ou Dominique Wavre se souviennent d’une remontée de l’Atlantique Sud plutôt laborieuse. Tanguy, lui y aura gagné le surnom de « TanGuyver ». Par trois fois, il aura « tapé » des OFNIs. La première fois, plus de peur que de mal, le safran tribord n’y a laissé que son gel-coat et sa première peau de carbone. La seconde, la plus grave, c’est la dérive bâbord arrachée, son puits éventré occasionnant une voie d’eau et la moitié du safran tribord arraché. Il lui aura fallu 48 heures d’efforts pour dégager sa dérive afin de libérer le puits en ralentissant le bateau au maximum, en plongeant à plusieurs reprises sous la coque au milieu de nulle part… Ensuite, 24 heures de plus ont été nécessaires afin de stratifier le puits et limiter ainsi les entrées d’eau dans la coque qui mettaient en péril l’homme et le bateau… MacGyver avait trouvé son maître. Enfin, moins d’une semaine avant de franchir la ligne, une nouvelle rencontre avec une bille de bois a occasionné… une nouvelle frayeur, sans plus dégâts, heureusement.

Après quelques louvoyages à l’efficacité réduite faute de dérive bâbord, Tanguy a donc coupé la ligne d’arrivée en vainqueur… Il n’aura rien lâché, il sera allé au bout de ses forces, il aura démontré toute la combativité qu’on lui connaissait déjà sur le circuit de la Class40 où il a été révélé. Bravo.

Il n’en reste plus qu’un…

C’est Alessandro, l’un des parrains de notre salon nautique d’automne. Lui aussi à bord d’un voilier d’ancienne génération file actuellement à bonne allure vers le golfe de Gascogne. Aventurier épicurien, marin exceptionnel, il devrait en terminer dans les jours qui viennent clôturant ainsi ce Vendée-Globe 2012-2013. Prends garde à toi Alessandro, même si ton bateau connait le chemin, tu sais bien que rien ne se fait contre la volonté de la mer ; nous on t’attend de pied ferme pour te célébrer comme tes 10 prédécesseurs dans le chenal des Sables.

David Augeix


Publié le : Dimanche 17 février 2013

​Vendée Globe Rien n´est écrit

Cali (Arnaud Boissières) en approche de la ligne d’arrivée

« Rien n’est écrit à l’avance » : c’est Dominique Wavre qui l’a dit, vendredi, lors de son arrivée. Les coureurs disent aussi souvent que « tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout peut arriver ». C’est un peu le synonyme du proverbe qui recommande de « ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Sagesse indienne ? Superstition ? Probablement un peu des deux. Cette semaine nous l’a encore prouvé notamment avec les aventures de Javier et de Tanguy.

Et une quille de moins, une !

C’est Jean-Pierre Dick qui a commencé à l’admettre : les quilles sur un IMOCA 60, cela devrait être considéré comme du « consommable »… bien qu’au prix de la pièce souvent unique, cela fait cher le consommable. Mais il y a de quoi se poser quelques questions après les accidents de Marco, de JP et, cette semaine, de Javier. Sa quille rompue, ce dernier n’a pas eu la chance de stabiliser le bateau avant qu’il ne se couche sur l’eau puis se retourne. Ensuite, plus d’autre choix que le déclenchement des balises de détresse en attendant les secours. Heureusement, entre Madère et les Açores, ils ont réussi à intervenir en 6 heures… preuve de l’efficacité des moyens internationaux de secours en mer. Ce délai extrêmement court a quand même du paraître bien long à Javier dans son radeau sans combinaison de survie… Il est évident que la classe IMOCA, si elle veut survivre, doit réagir sur ce sujet qui devient de plus en plus récurent et qui représente un danger difficile à accepter pour les marins.

Quant à l’aventure de Tanguy, les règles ne peuvent rien y changer

Tanguy, plus chanceux que Vincent Riou qui a dû abandonner pour la même cause, est toutefois bien handicapé. Taper un OFNI au beau milieu de l’Atlantique et arracher dans le choc la moitié du safran, la dérive et défoncer le puits de dérive… cela aurait pu être dramatique si la voie d’eau occasionnée avait été plus importante. Tanguy a réussi, après quelques tentatives, à dégager la dérive coincée dans son puits, il a alors pu engager ses travaux de stratification autour du puits endommagé afin de colmater la voie d’eau… Il devrait ainsi pouvoir rallier l’arrivée cahin-caha avec un safran et demi, une seule dérive et… la foi. La foi sans laquelle François Gabart a reconnu que ce Vendée-Globe était une punition.

La foi, belle et nécessaire

Mais rassurons-nous, la foi, ils l’ont tous. De sorte que, loin d’être une punition, ce Vendée-Globe est une aventure extraordinaire, une étape merveilleuse dans leur vie de marin. Cali l’a exprimé de la sorte quelques heures avant d’en terminer à son tour à bord de son bel oiseau noir : « je boucle un deuxième Vendée, c’est tout et c’est énorme ». Enorme, c’est aussi le mot pour qualifier la mer que le Golfe de Gascogne a réservé à presque tous les concurrents arrivés cette semaine aux Sables : entre 40 et 50 nœuds de vent pour Jean le Cam, Mike Golding, Bernard Stamm et Dominique Wavre lors de la dernière nuit. Quant à Bertrand De Broc, il a les Sables dans son viseur aujourd’hui, mais tant que la ligne n’est pas passée…

David Augeix


Publié le : Dimanche 10 février 2013

​Vendée Globe L´aventure continue

Jean-Pierre Dick, au mouillage dans l’avant-port de San Ciprian

Certes dimanche dernier François a gagné… magistralement. A peine 3 heures plus tard, c’est Armel qui a embouqué le chenal des Sables en magnifique second. Ces deux-là ont fait de cette édition du Vendée-Globe l’édition la plus disputée, la plus haletante, la plus belle.

Que dire d’Alex Thomson, à bord d’un voilier de génération antérieure complétant un bien beau podium moins de trois jours plus tard ? En manque d’énergie pendant une très grande partie du parcours, ce British-là aura rendu une bien belle copie sur l’eau malgré son lot de « galères » (hydrogénérateurs, barres de liaison de safrans…).

Jean-Pierre Dick encore en course

Mais ce qui nous occupe actuellement c’est le parcours de Jean-Pierre. Souvenez-vous il y a 10 jours, alors en troisième position, le voilà qui perd sa quille… et qui continue. Il aura certainement fallu que la réaction de JP soit rapide pour que cette perte n’occasionne pas de chavirage : sauter sur les écoutes et choquer les voiles tout en se mettant bout au vent ; c’est certainement la première des choses à faire. Réduire la toile et remplir les ballasts (plus de 4500 litres) c’est la seconde. Enfin, jongler entre la puissance des voiles, les dérives et ces mêmes ballasts… et voilà le bel oiseau bleu de Jean-Pierre progressant, certes à allure réduite, mais progressant tout de même vers les Sables. Cela reste faisable – même si c’est toute une aventure – tant que le vent ne franchit pas les 30 nœuds et que la mer reste « maniable ». Voilà pourquoi, le rattrapant, Alex Thomson s’était dérouté pour naviguer de concert avec lui pendant qu’un coup de vent balayait leur zone de navigation. Beau geste de la part d’Alex, même si c’est normal pour un marin.

Voilà aussi pourquoi JP s’est arrêté 48 heures sur un coffre à l’abri de la digue du port de San Ciprian, laissant passer le fort flux d’ouest dans le golfe de Gascogne. Il a repris sa route ce matin… et, même s’il a « confié » sa troisième place à Alex, il pourrait conserver la quatrième devant Jean le Cam ou Mike Golding.

Arrivées en cascade

Ces deux-là vont se disputer les honneurs jusqu’au bout. Jean fait « le tour du rond-point » des Açores – entendez, il contourne l’anticyclone par le nord afin de rester dans des flux portants – alors que Mike « coupe le fromage » - entendez, il tente un passage dans des flux légers au près mais sur une route plus courte. Derrière, nous avons trois mousquetaires qui cravachent : Dom, Cali et Javier remontent enfin l’Atlantique à bonne allure. Il risque d’y avoir quelques embouteillages dans le chenal des Sables la semaine prochaine ! Si nos marins attendent probablement tous la ligne d’arrivée avec impatience, aucun doute qu’ils regretteront que ce soit « déjà terminé » une fois le pied posé à terre… ils sont comme ça les marins.

On croise les doigts pour Tanguy

Un choc avec un OFNI a arraché un safran, gravement endommagé une dérive et surtout provoqué une voie d’eau sur son puits. Bref, à 500 milles de l’archipel du Cap Vert, Tanguy entre en mode « survie ». Souhaitons-lui de solutionner cette avarie et de ramener son bateau à bon port.

Les gars, vos routes ne sont pas faciles ; c’est aussi pour ça qu’elles sont belles.

David Augeix


Publié le : Dimanche 03 février 2013

​Vendée Globe Victoire de François

Mais que vas-tu faire maintenant ?

Ce n’est pas le clap de fin. Il en reste encore 11 en mer. Mais c’est une superbe victoire. Peut-être la plus belle parce que la plus disputée. Dans quelques heures, il n’en restera d’ailleurs plus que 10… tant les deux premiers se sont tenus et depuis le début en deux ou trois fois rien. Ce tour du monde ils l’auront élevé à la hauteur d’une véritable régate planétaire. Pensez, quelques jours avant le passage du cap Horn au milieu des glaçons, ils se sont tenus pendant quelques heures en 0,2 milles !

Certes, la configuration de la course, avec ses nombreuses « portes des glaces » favorise ce type de configuration, n’empêche… Ces deux-là, sont de sacrés marins. De sacrés marins à la tête de sacrées équipes et aux commandes de sacrés bateaux, minutieusement préparés et fiabilisés. Cette nuit encore, les moyennes se sont affolées : 18, 20 nœuds. Ben oui, avec Armel le Chacal aux trousses, nulle possibilité pour François de lâcher prise. Il n’a eu course gagnée qu’au moment de franchir la ligne d’arrivée, pas avant : peu après 15 heures cet après-midi.

Belle, très très belle victoire, beau, très, très beau parcours. Finalement, ta seule erreur sur ce Vendée-Globe a été ton départ prématuré (avec Armel et quelques autres d’ailleurs), vite effacé par ta première place dès la première nuit. Tu auras marqué ces joutes extraordinaires de ton empreinte, de ta bonne humeur et de ta parfaite maîtrise. La vista dont tu as fait preuve est impressionnante, même et surtout pendant la remontée de l’Atlantique alors que la fin des mers du Sud, la fatigue accumulée, le matériel éprouvé font parfois faire quelques erreurs aux meilleurs… pas à toi, tu es un très grand marin.

Mais alors, que vas-tu faire maintenant ? Pour Armel, on s’en doute… On devrait le revoir dans 4 ans sur la ligne de départ. 2 fois deuxième, ça doit donner des envies d’y retourner à en avoir des fourmis dans les jambes. D’autant que, si lors de son premier tour du monde, il avait parfois admis naviguer vite mais « à son rythme et sans forcer le destin », cette fois, le match que vous avez joué tous les deux ne l’aura pas plus ménagé que toi. Mais justement, en ce qui te concerne, gagner le Vendée-Globe à 29 ans ce n’est pas un peu trop tôt ? Tu vas faire quoi après ? Du tricot ? Du bilboquet ? Allez, rassure-nous et dit nous que l’on va continuer à te voir sur le circuit. Ne remise pas ton ciré dans ton placard, c’est bien trop tôt.

Maintenant que tu es connu au-delà du cercle des initiés, prends garde à ne pas avoir la tête ni les chevilles qui enflent. Mais pour t’avoir vu fonctionner jusqu’à présent, il serait très étonnant que cela t’arrive.

Allez, en attendant prends une douche, mange ce qui te plaît mais surtout des produits frais, dors dans un lit à plat, au calme… tu as perdu l’habitude ? Le silence te réveille ? Tu le sais, ça passera assez vite. Ceci dit, la vie dans un « shaker » en course est tellement excitante que cela te manquera probablement tout aussi vite. Ça aussi, tu le sais.

Avec tes camarades de jeu, avec Armel, tu nous as fait vibrer. A bientôt sur les pontons,

David Augeix


Publié le : Dimanche 27 janvier 2013

​Vendée Globe Tensions et usures

Le geenaker d’Alessandro en situation peu académique

Quand on évoque le Vendée Globe, on parle souvent des mers du sud, de leur violence virile, du froid et du danger représenté par les icebergs et leurs growlers. On aurait finalement tendance à croire que l’océan Atlantique n’est qu’une étape de « liaison »… que nenni !

On l’a bien vu au départ où 6 bateaux ont été hors course avant même d’avant franchi l’équateur. Prendre le large depuis l’Europe en novembre dans le golfe de Gascogne et dans l’Atlantique nord n’a rien d’une sinécure. On se souvient du mât de Samantha comme du vérin de quille de Jérémy Beyou.

Remontées chaotiques

Au retour, en remontant, et bien qu’il y ait apparemment moins de casse, c’est n’est pas forcément plus simple. Parlez-en à Jean le Cam qui revendique la couronne du plus malchanceux (sauf ceux qui ont abandonné). C’est vrai que la pétole ne l’aura pas épargné. Maintenant, il joue à saute-mouton depuis plusieurs jours dans une mer formée avec un vent très oscillant et de face… Non seulement ça ne va pas vite, mais en plus le matériel souffre, c’est inconfortable, et les petits copains reviennent par derrière. Les 330 milles d’avance qu’il avait sur Mike Golding alors qu’il était en approche du Horn ont fondu à 10 petits milles ce dimanche. Le tout à cause de ces satanées hautes pressions peu organisées, stationnaires et difficile à modéliser. De quoi perdre sa bonne humeur devant les côtes brésiliennes. Force est de constater que l’élastique s’est bien tendu entre ce groupe de 5 où on trouve aussi Javier, Cali et Dominique et les hommes de tête. Le déficit entre Jean le Cam et François Gabart est maintenant de plus de 2500 milles.

Les marins de tête, parlons-en. Après avoir construit une belle avance sur son dauphin – plus de 250 milles – le pot-au-noir a bien handicapé le solide leader de ce tour du monde. Bien plus difficile pour François que pour Armel, ce dernier a un temps recollé à 60 milles… moins que d’ici à Marseille. François a eu « chaud aux fesses ». Il sait qu’il n’a pas course gagnée bien que depuis, il a pu reconstruire son avance pour la porter ce soir à 150 milles.

Un dernier casse-tête reste à négocier : le franchissement de la barrière anticyclonique des Açores. Si les fichiers météo sont fiables – normalement ils le sont dans cette zone – François devrait pointer le bout de son nez aux Sables sous 7 jours… Mais pas de plan sur la comète de sa part, ce n’est pas son genre. Il ne vendra pas la peau d’Armel avant d’en avoir terminé. Tous deux savent bien que, tant que la ligne n’est pas franchie, tout peut arriver… et Armel n’est pas du style à relâcher ses efforts.

Le meilleur, ce serait presque pour les poursuivants

Ce sont bien Alessandro, Tanguy malgré son choc avec un rondin de bois et Bertrand de Broc qui affichent les meilleures progressions. Entre eux et le groupe des 5, l’élastique s’est, cette fois, détendu. Alessandro avoue toutefois certains problèmes de voile d’avant (geenaker et spi). Le matériel, comme les hommes, a 70 jours de mer dans des conditions qui n’ont pas toujours été calmes (c’est un euphémisme)… ceci expliquant très probablement cela.

Comme depuis 70 jours, naviguez vite, à la limite… mais soyez prudents, d’autant que vous êtes en solo. On vous avait dit que l’exercice était facile ?

David Augeix


Publié le : Dimanche 20 janvier 2013

​Vendée Globe Batailles atlantiques

Quand Armel chausse les crocs, Mike préfère encore le bonnet…

Stratégies et contrôles tactiques

27, 28 ou 29 janvier ? Certains s’essaient déjà à quelques pronostics sur la date d’arrivée du premier. Il est encore un peu tôt pour avoir un avis définitif sur la question. L’actuel leader le sait bien. Certes, il a l’air plutôt à l’aise ; certes, il dispose maintenant d’un « matelas » de 250 milles sur son dauphin ; mais François sait trop bien que les pièges sont encore nombreux dont le pot-au-noir et la situation de l’anticyclone des Açores. Celui-ci influera la force des alizés de l’hémisphère nord mais aussi la force et la trajectoire des dépressions atlantiques.

Le coup réalisé cette semaine est toutefois joli : une route plus longue due à un décalage à l’est par rapport à Armel pour aller chercher plus de pression et un meilleur angle. Stratégie gagnante et quelques milles grappillés qui ne cessent d’augmenter. Le premier va vers plus de vent toujours mieux orienté. Il accélère toujours avant les autres, de jours en jours… et les écarts ne peuvent que se creuser. Un resserrement sera certainement observé dans quelques jours à l’entrée dans le pot-au-noir. L’occasion pour les trois poursuivants de recoller ? Armel, Jipé, et Alex doivent y penser dans des températures qui sont de plus en plus clémentes... et bientôt suffocantes.

Transitions climatiques

Après avoir vécu dans le froid intense du grand sud, on ne va quand même pas plaindre les premiers d’avoir trop chaud ? Certes non, mais en un mois, ils vont passer des rudesses du froid et des tempêtes australes à l’humidité, la canicule et la moiteur des tropiques pour enfin finir dans l’hiver européen et ses possibles coups de vent tout aussi violents que ceux qu’ils ont connu « en bas ». Les gars, il va falloir adapter votre alimentation et jongler entre le chapeau et le bonnet ; entre les bottes et les crocs ; ou encore entre le tee-shirt et le ciré. C’est aussi ça la vie de marin pressé.

Bagarres entre marins d’honneur

Les tontons flingueurs, comme on les appelle, sont encore en ciré et ne se font aucun cadeau dans les systèmes encore influencés par les dépressions australes et le courant des Malouines. Contrairement à la tête de la flotte, pour ce groupe, le vent est plutôt présent à l’arrière… d’où un resserrement des positions qui a déjà commencé et qui va se poursuivre. Le Roi Jean va certainement être fort occupé pour garder le contrôle de la meute emmenée par Mike et dans laquelle on trouve des affamés comme Cali, Javier ou encore Dominique Wavre. De la stratégie, certains sont déjà en train d’en déployer… quand d’autres vont essayer de perdre le moins possible dans le contournement de Sainte-Hélène. Cette bataille-là est aussi belle que celle qui se joue en tête. Dommage que Bernard Stamm s’en soit retiré, il y aurait joué un rôle de premier ordre…

Les derniers « pacifiques »

Dans une semaine, tout le monde devrait être en Atlantique. Pour Bertrand, le Horn c’est dans 1 jour et quelques heures. En ce qui concerne Tanguy et ensuite Alessandro, il faudra encore attendre mais la « délivrance » arrive. En attendant, Tanguy a réparé son reacher au sikaflex afin de rester en mode course…

Poursuivez vos joutes, c’est un pur bonheur de vous suivre !

David Augeix


Publié le : Dimanche 13 janvier 2013

​Vendée Globe Le répit ? Ce sera pour plus tard…

Le Cap Horn dans ses habits habituels

Grosses conditions pour les poursuivants encore dans le Pacifique

Après les 4 premiers, ce sera au tour du Roi Jean de doubler le Horn dans la journée de Lundi. Il a réussi à « faire le trou » avec un groupe de 5 marins emmenés par Mike Golding. Tous ceux-là vont continuer à vivre dans des conditions que certains et on les croit sans difficulté qualifient de dantesques : plus de 45 nœuds dans une mer croisée, voilà le menu jusqu’à l’Atlantique pour ceux qui n’y sont pas encore. Cali avouait même boire du café froid pour éviter de se brûler quand il se le renverse dessus ; Bubbi, lui, a levé le pied pour préserver ses chariots de grand-voile qui lui donnent du soucis… pfff, vous parlez d’une croisière… ça ne vaut pas la Corse en juillet.

On pourra toujours dire que c’est « la routine du Grand Sud »… n’empêche, certains ont hâte d’emboiter le pas de François et de la quitter, cette routine. C’est que, un Vendée Globe, ça impressionne tout le monde, ça en fait rêver quelques-uns, c’est l’aboutissement ultime pour certains marins… mais c’est très exigeant. Pour le mériter, il faut se mettre en danger et en baver… ça ne le rend que plus beau.

De l’autre côté, ce n’est pas mieux

Quant aux 4 larrons qui font cap au Nord dans L’Atlantique en direction des Sables, ils en sont à « tricoter » au près dans les 40èmes, aux prises avec un flux de nord plutôt musclé et une situation météorologique assez complexe… Bref, la délivrance du Horn, même si les glaçons sont désormais derrière eux, est toute relative. Nos deux inséparables de tête ont mis fin à leur navigation collée-serrée sans pour autant diverger en stratégies totalement distinctes. Le Chacal accuse 40 milles de retard sur François, mais vu les écarts latéraux, pas de quoi tirer de conclusions hâtives. Ce d’autant plus que Jipé revient très fort par derrière. Après avoir cumulé 500 milles de retard, le voilà à moins de 250 milles dans le tableau arrière de François. Un match à trois pour remonter dans l’hémisphère nord ? A moins que ce ne soit un match à 4. Alex, malgré ses problèmes d’hydrogénérateurs, n’est « plus qu’à » 600 milles.

« Quand ça veut pas, ça veut pas »

Les hydrogénérateurs, parlons-en… C’est pour réparer les siens que Bernard s’est arrêté du côté de la Nouvelle Zélande. Une rotation de vent, une ancre qui dérape et un salut dû à la mise à couple d’un navire russe stationnant dans la même baie. Assistance ou pas ? D’abord disqualifié, le jury a accepté de ré-ouvrir l’examen du cas du navigateur suisse. Quelques heures après celui-ci a percuté un objet flottant non identifié et a, à nouveau, perdu l’usage de ses hydrogénérateurs. Ayant déjà consommé tout son gasoil, il n’a donc plus de moyen de produire d’énergie à bord. Quand les batteries seront vides, il n’aura plus de pilote alors qu’il se situe encore à 1000 milles du Horn. Bref, « quand ça veut pas, ça veut pas »…

Bernard, on pense peut-être encore plus à toi qu’aux autres en ce moment précis. Tu as démontré toutes tes qualités. Tu as fait une course fabuleuse jusque-là, quoiqu’il arrive, ce Vendée-Globe aura été marqué par ton empreinte. Prenez tous soin de vous (quand vous le pouvez).

David Augeix


Publié le : Dimanche 06 janvier 2013

​Vendée Globe Route barrée ?

Banque Populaire, vu de Macif, à l’approche du Horn

Ouf, Bernard a enfin repris sa course. Après l’abri relatif des îles Aukland et le mouillage devant le port de Dunedin, le voilà revenu parmi ses petits camarades, hydrogénérateurs apparemment en place et chargeant les batteries du bord. Il aura perdu sa superbe 4ème place mais pourra, on l’espère, boucler la boucle avec la manière. Il colle déjà au tableau arrière de Cali… visiblement il est bien revenu, et pas pour plaisanter. Tant mieux, exprime-toi Bernard et fais-toi plaisir.

Javier, dit Bubi, n’a pas eu besoin de s’arrêter pour réparer une deuxième fois son rail de grand-voile… mais au prix d’un numéro d’équilibriste en tête de mât au beau milieu de… nulle part. Malgré ses avaries, voilà un ibérique qui donne une belle répartie aux grands noms de la course au large et qui démontre une belle combativité.

Quant à nos deux leaders, un coup 3 milles d’avance pour l’un, un coup 0,2 mille d’avance pour l’autre, ils foncent désormais vers le Cap Horn… Hier soir, ils naviguaient encore à vue. Invraisemblable. On a du mal à imaginer ce que cela suppose en termes d’engagement physique et psychologique. Un match d’une telle intensité en tête de course dans des conditions pour le moins difficiles, des bateaux tout sauf confortables, le froid intense, l’humidité, la mer, le vent passant parfois allègrement la barre des 40 nœuds… le tout 24 heures sur 24. Les derniers témoignages de Jean-Pierre Dick, de Jean Le Cam et d’Alex Thomson sont d’ailleurs éloquents à l’évocation de leur fatigue, stress ou lassitude. On ne les plaindra pas, ils savaient, surtout eux, où ils allaient, mais cela donne le ton. Aussi chapeaux bas messieurs et prenez garde, autant que vous le pourrez d’autant plus que, vous le savez, une nouvelle embûche se présente.

En effet, devant vous, le Cap Horn, le Cap Dur, ou aussi, pour vous, le Cap de la Délivrance. Une fois doublé, clignotant à gauche et cap au nord, direction Les Sables et des conditions climatiques moins extrêmes… enfin. Ceci étant cette année, sur votre route, vous allez rencontrer de gros, de très gros glaçons et leur cortège de growlers quasi-indétectables au radar. Les dernières observations satellites ont en effet montré un nombre relativement important de glaces dérivantes très près du Horn. En plus de l’adversaire qui ne lâche rien, il n’est pas là pour ça, en plus des conditions météorologiques, en plus de mettre du charbon dans la machine, vous allez avoir à veiller ce danger sournois. Radar en marche, veille visuelle la plus fréquente possible… et pensez aussi à brancher votre bonne étoile. Ce danger vous concernera au moins vous 4, en tête de course… et pour une fois, je n’aimerais vraiment pas être à votre place.

Les deux premiers sont attendus dans le 1er janvier au Cap Horn, Jean-Pierre devrait y avoir une journée de retard, Alex 2 ou 3. Derrière, ils ouvriront un nouveau chapitre. La remontée au large des côtes argentines, dans une zone de cyclogenèse, là où les dépressions naissent, pourrait en effet donner aux deux larrons en tête des raisons de se séparer, aux poursuivants des raisons d'espérer recoller… bref, la situation argentine, avec trois dépressions en formation dans la première semaine de janvier pourrait nous délecter de quelques belles options météorologiques.

En attendant, passez le Horn, au milieu des glaces et sans les toucher. On croise les doigts, on pense à vous…

David Augeix


Publié le : Lundi 31 décembre 2012

​Vendée Globe Le Père Noël devra être un bon bricoleur

A l’heure où nos enfants attendent leurs jouets, où nos compagnes se verront comblées de bijoux et de parfums… certains concurrents du Vendée-Globe aimeraient probablement avoir un peu d’aide sur des sujets comme la stratification, l’électricité, la couture ou encore l’énergie embarquée. A l’image d’Alex Thomson, gérant depuis plus de 10 jours sa consommation d’énergie à l’ampère près. Des deux hydrogénérateurs embarqués, il en a au moins un qui est définitivement hors-service. Ayant peu de gasoil à bord, les heures moteur sont comptées. De la même façon, avec si peu de soleil sous les latitudes dans lesquelles ils naviguent, il est impossible de compter sur les panneaux solaires… Bref, plus qu’une solution : économiser l’énergie et consacrer le peu dont il dispose pour les seuls usages du pilote et du recueil de l’information météo : vie « monacale » sous les 50èmes hurlants.

Bernard Stamm s’est trouvé dans les mêmes difficultés. Il a rompu ses deux supports tenant ces hydrogénérateurs sur le tableau arrière. Aussi, à proximité des îles Auckland, il a choisi de faire un stop dans une baie et mouiller le temps de réaliser la réparation nécessaire. Clin d’œil du destin, il s’agit de la même baie que celle qu’avait choisie, il y a 4 ans, un certain Marco (Marc Guillemot) pour réparer un rail de grand-voile défectueux. Ainsi, après la couture sur le spi, le solent ; après les ennuis de hook, après s’être réalisé lui-même un amalgame sur une dent cassée… voilà Bernard en train de bricoler ses supports d’hydrogénérateurs. Polyvalence et capacité d’adaptation…

Pendant ce temps, la course… et le Pacifique

Quant à nos deux leaders, toujours bord à bord, à portée de fusil l’un de l’autre, s’ils n’avaient pas fait le trou avec leurs illustres poursuivants, on se demanderait presque s’ils ne « s’attendent » pas. Attendre ? C’est certainement un mot banni de leur vocabulaire, comme de celui du roi Jean qui a réussi cette semaine à distancer les deux compères avec lesquels il faisait route depuis le Brésil.

Sauf à l’arrière, l’ensemble de la flotte a, soit la quille, soit les pensées dans le Pacifique. L’Indien aura laissé des traces dans les organismes, sur le matériel, et dans les esprits. La tête de la course est encore à 3000 milles du Horn, le dernier concurrent en a encore pour plus de 7000 milles. Quand la fatigue commence à peser, beaucoup de choses peuvent se passer. Et ils ont encore devant eux le plus grand désert liquide à traverser… autour de 50 degrés de latitude sud et 5 degrés de température moyenne…

Bon vent, bonne mer, soyez rapides… et prudents.

David Augeix


Publié le : Lundi 24 décembre 2012

​Vendée Globe Ca gèle, ça cogne et ça fonce

© Bertrand de Broc / Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets

Pas de révolution mais une évolution en tête de course

Ils étaient 5 inséparables en tête, ils ne sont plus que 2. François et Armel ont "fait le trou" cette semaine. Jean-Pierre Dick pointe à plus de 450 milles quand le retard d'Alex et de Bernard fleurte avec les 1000 milles. Certes, rien n'est fait mais la flotte s'étire et les 2 hommes de tête naviguent maintenant dans un système météorologique qui leur est propre.

François a passé le cap Leuwin sous l'Australie il y a trois jours en navigant à plus de 20 noeuds de moyenne; Armel est resté accroché à son tableau arrière.
Ces deux-là, s'ils ne cassent pas...

Le baston, c'est pour tout le monde maintenant

Pendant ce temps, Cali (Arnaud Boissieres) a essuyé, au coeur de l'Indien, un de ses plus forts coups de vent: 63 noeuds en rafales et la mer qui va avec...
Quand on sait que certains voient leur huile d'olive geler dans la cambuse on se doute des conditions actuelles de navigation pour ces fous qui veulent vérifier par eux-mêmes que la Terre est bien ronde. Leurs couches de polaires sont nombreuses, leurs cirés ne sèchent plus vraiment, et leur confort auditif est tout relatif dans ces coques en carbone.

Bientôt le Pacifique

A 1000 milles au sud de l'Australie, les leaders vont entamer le Pacifique probablement en fin de semaine. Avant cela il aura fallu empanner dans une mer encore formée et plus de 20 noeuds de vent sur un 60 pieds Open en solo. Tout ça pour aller chercher la porte "Australie Est". Au bout du Pacifique, ils trouveront le mythique Horn. Entre temps, il y aura encore quelques dépressions, quelques frissons (au propre comme au figuré), et quelques
surfs endiablés. Mangez quelques calories, vous en aurez besoin. 6000 par jour, c'est bien un minimum avec la vie que vous menez.

Asta la vista.

David Augeix


Publié le : Dimanche 16 décembre 2012

​Vendée Globe Rencontre avec les glaçons

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La régate planétaire continue, en plein océan Indien. Bernard Stamm, auteur d’une belle remontée sur le groupe de tête a même réussi à prendre le contrôle de la course pendant quelques heures. Armel, le Chacal, a fini par reprendre les commandes avec, encore et toujours, François collé à son tableau arrière. Avec Jean-Pierre Dick, ces quatre là disposent d’un voilier de toute dernière génération, d’un entraînement hors-norme, et d’un talent qui n’est plus à démontrer. La surprise serait que le vainqueur ne soit pas de ceux-là… même si la route est encore longue, très longue.

Pendant ce temps, Alex Thomson, un sujet de sa Gracieuse Majesté, aux commandes de son plan Farr 2008, tient la cadence. Et quelle cadence. Un petit tour sur la vidéo postée sur le net (ici), permet de se rendre compte de l’intensité de la navigation… en solo. Ayant choisi une route particulièrement Sud entre les deux portes de sécurité obligatoires, il a, en plus, approché des près quelques glaces dérivantes. Ces bouts de banquises peuvent, en cas de collision aux vitesses pratiquées par les marins, infliger de lourds dégâts aux bateaux. Le choc est donc interdit si l’on souhaite rester à flot.
Ainsi, en plus du stress intense, mais normal, d’une course au large, les concurrents rajoutent, chaque fois que leur route les amène plus Sud entre deux portes, une dose de stress complémentaire. Autant ils savent depuis longtemps gérer le gros temps, adapter leur voilure, lutter contre le froid, prendre du repos quand ils le peuvent par tranche de quelques minutes s’il le faut… autant rien n’existe vraiment pour détecter ces « gros glaçons ». Quelqu’un a dit roulette Russe ?

Tout le monde va y avoir droit

Ca y est, le dernier de la flotte, Alessandro Di Benedetto – certains s’en souviendront pour l’avoir croisé sur le salon nautique du Cap d’Agde l’année où il en était le parrain – va avoir son baptême du feu dans quelques heures : 40, 50 nœuds… sa première dépression dans les quarantièmes.

Entre Alessandro et la tête de course certains évoluent, en ce moment, dans des airs plutôt maniables sous le cap de Bonne Espérance. Chacun sait cependant que, pendant encore 1 mois pour les plus rapides, ou près de 2 mois pour les derniers, il va falloir jongler entre les dépressions, les portes de sécurité et la stratégie qui va avec… mais aussi avec les glaçons.

Foncez les gars, on continue à vous suivre… mais prenez garde quand même.

David Augeix


Publié le : Dimanche 09 décembre 2012

​Vendée Globe A toi, à moi, à toi, à moi… et bienvenue dans les quarantièmes

Les trois premiers sont par 40 degrés de latitude sud… et 0,7 mille d’écart sépare le premier du second au pointage de 11 heures ce matin, après 21 jours de course… édifiant. Pourtant, Dame Sainte Hélène et son valet l’anticyclone ont bien tenté de bouleverser le classement, de creuser les écarts. Mais non, rien n’y fait. François, Jean-Pierre et Armel (l’ordre de ce matin) sont toujours dans un mouchoir.

C’est d’abord Jean-Pierre Dick qui est parti travers à la route, cap au Sud-Ouest pour contourner la bordure de l’anticyclone avec laquelle Armel le Cléac’h a dangereusement mais magnifiquement fleurté. L’élastique s’est tendue entre ces deux-là au point que Jean-Pierre ait accusé plus de 300 milles de retard. Oui mais voilà, les sudistes ont logiquement touché le vent espéré bien plus tôt que le leader et les compteurs se sont alors affolés. A tel point que le record de distance en solo sur 24 h est tombé à quatre reprises dans la journée d’hier : d’abord François, puis Jean-Pierre, puis Alex, puis encore Jean-Pierre. Pour l’instant, nous en sommes à 503 milles en 1 jour qui dit mieux ? Au final, deux options radicalement différentes qui accouchent d’un regroupement presque parfait en tête de flotte : rare.

Et derrière, le match est tout aussi intense. Alex Thomson et Bernard Stamm, à moins de 100 milles, ne se font pas décrocher ; le Roi Jean a « fait la cuillère » à Mike et, avec Dominique Wavre, ils sont 3 quinquas en embuscade navigant à la quasi perfection entre vitesse, prise de risque et gestion du matériel. Misent-ils sur un essoufflement au passage de la porte des Aiguilles ? A leur place je ferai brûler un cierge sur le sujet mais pas sûr qu’ils en aient à bord…

Les portes ? Quesaco ?

A propos, un peu d’explication sur le thème des portes : le tour du monde, pour les furieux du Vendée-Globe consiste, entre-autres, à faire le tour du continent Antarctique avec son lot de glaces dérivantes. C’est pour éviter aux marins de venir fleurter avec les icebergs et leurs growlers que l’organisateur défini des portes par deux points au-dessus desquelles ils doivent passer, du moins en partie. La position des portes est définie avant le départ mais peut évoluer en fonction des observations recueillies. Une fois arrêtée, la position d’une porte restera la même pour le premier comme pour le dernier des concurrents. Cette année, il y aura 6 ou 7 portes.

Portes ou pas, les gars vont plonger dans les quarantièmes rugissants et dans les cinquantièmes hurlants, le royaume de l’albatros, des camaïeux de gris, des déferlantes… et des couches de polaires sur le dos. Au revoir les tee-shirts, bonjours les bottes… et la poudre anti-mycoses pour les pieds (et oui, il y a des choses dont on ne parle pas souvent mais qui sont bien réelles).

Souhaitons-leur de poursuivre cette régate planétaire acharnée pour leur plus grand bonheur mais aussi pour notre plus grand plaisir. Foncez, préservez-vous, saluez les albatros pour nous, dites-vous bien que nous sommes nombreux à vous suivre quotidiennement… et qu’il y en a quelques-uns qui aimeraient bien être parmi vous…

David Augeix


Publié le : Dimanche 02 décembre 2012

​Vendée Globe Ils ont tous « la tête en bas »

Dans les Alizés du Sud Est, sous l’équateur, rares sont les moments où le speedo n’affiche pas des vitesses à deux chiffres. La nuit dernière c’est Jean-Pierre Dick et le Roi Jean qui ont affolé les compteurs avec des moyennes à 17 et 15 nœuds pendant plusieurs heures.

Pas beaucoup d’options tactiques cette dernière semaine

Le passage du pot au noir, nous a toutefois donné pas mal de plaisir. Armel le Cléac’h, premier ralenti et premier sorti de cette immense zone orageuse aux grains parfois dangereux a conservé son (petit) matelas de 50 milles. Derrière, les 5 poursuivants se tenaient parfois en 3 milles... 5 bateaux en 3 milles, c’est la distance de l’entrée du port du Cap à l’embouchure de l’Hérault au Grau ! Il y a des écarts parfois plus importants lors des régates de la SORAC. Preuve s’il en est de la bataille acharnée et du niveau extrêmement homogène et relevé cette année sur le Vendée Globe…

Imaginez héler votre concurrent à 1500 milles de toute côte pour lui « faire un tribord » après 17 jours de course. Eh bien c’est ce qu’ont vécu François et Jean-Pierre, sous les cumulo-nimbus du pot-au-noir. Cali (Arnaud Boissière), lui, n’a pas été heureux. Il a été un des concurrents qui a le plus souffert de cette zone météo complexe.

Sainte Hélène, soyez clémente

Tous en sont maintenant sortis. Cap au Sud, les premiers commencent à « prendre un tout petit peu d’Est ». Il faut dire, que, comme il y a 4 ans, l’anticyclone de Sainte Hélène a pris ses quartiers plutôt au Sud. Il va être long son contournement avant d’accrocher le train des dépressions antarctiques. On verra probablement dans 5 ou 6 jours une hiérarchie un peu plus stable s’établir dans le groupe de tête (Armel mis à part, même s’il n’est à l’abri de rien).

Entre ceux qui vont tenter de « couper le fromage », les poursuivants qui doivent commencer à prier pour que l’anticyclone remonte et prenne un peu d’Est histoire de « tirer plus droit » que leurs prédécesseurs (on peu rêver), sûr que cela cogite dur en ce moment.

Course «à élimination »

En attendant, tous ont prévu de grimper au mât ces prochains jours afin d’effectuer un contrôle exhaustif du gréement avant d’attaquer le gros morceau des mers du Sud. Avant de devoir abandonner pour cause de collision avec une tonne de port de commerce à la dérive, Vincent le Terrible l’avait programmé. Malheureusement, il rejoint Jérémy Beyou et Guteck, le polonais, au rang des abandons de la semaine. Bernard Stamm, lui, aura réussi à réparer son solent bien que, pour cause de hook récalcitrant, cela lui ai demandé deux ascensions dans le mât. Les mers du Sud sont un gros morceau mais la traversée de l’Atlantique n’est pas anodine. Le Vendée Globe a rarement autant mérité son surnom de « course à élimination ».

Continuez à attaquer, soyez prudents… et ayez de la réussite ; nous, on continue à vous suivre.

David Augeix


Publié le : Dimanche 25 novembre 2012

​Vendée Globe Une quille, deux chalutiers, un mât… et le pot-au-noir qui se profile

 
Un beau développement orageux dans le pot-au-noir lors de ma mini-transat en 2005…

Certains parlent de poisse, d’autres ne comprennent pas comment ces accidents peuvent arriver à des marins aussi avertis : comment, alors que nous sommes maintenant équipés d’AIS une collision telle que celle qu’a vécue Kito lundi ou Louis mardi avec un navire de pêche est-elle encore possible ?

Vous avez déjà navigué avec un AIS qui hurle toutes les 10 minutes parce que vous vous trouvez à 5 milles du cargo tartempion ou du pêcheur machin ? A la première alarme, vous vous félicitez d’avoir investi dans l’AIS… à la vingtième, vous éteignez ce satané appareil et vous vous fiez à votre veille visuelle. C’est ce qui arrive parfois dans les zones fréquentées comme le large du Portugal, zone de pêche et de circulation maritime plutôt dense. Bref, Kito et Louis nous ont démontré, à leurs dépens, toute la limite de notre sport et de la navigation en solitaire. Qui n’avait pas son AIS en veille le coureur ou le pêcheur ? Peu importe, les deux sont, réglementairement, en faute ; et un coureur en solitaire sait qu’il va se mettre en faute plusieurs fois par jour.

Et la quille ou le mât qui tombe ? On a trop tendance à oublier que le golfe de Gascogne et l’Atlantique nord, au mois de novembre… ça peut cogner, longtemps ; surtout quand on est en course et que les ris descendent après avoir matossé au vent, basculé la quille, puis rempli les ballasts… Alors, oui, la casse matérielle, pour être difficile à anticiper et pour laisser un goût amer à tout marin qui la subit, n’en demeure pas moins une des autres évidences que tout coureur accepte. Les autres comme Sam et Marco.

Reste que la bataille est magnifique. François, tu nous régales. Ta maestria en ce début de course a surpris le grand public… pas ceux qui te connaissent. Superbe descente dans les alizés portugais, belle négociation du front par le trou de souris que tu as été le seul à attraper par le sud… Bon, tu as été un peu gourmant aux Canaries et un petit recalage à l’ouest aurais été opportun il y a quelques jours mais on continue à compter sur toi.

Ceci étant tu n’es pas le seul à avoir bossé ton sujet avec talent. Armel le Chacal qui t’a proprement dépossédé du leadership, Vincent le terrible, JP, Bernard, Alex, le british. Ces cinq-là avec toi, cela fait 6 furieux qui nous régalez et qui imprimez un rythme d’enfer à cette course. C’est beau, c’est fluide. L’archipel du Cap Vert est déjà dans le sillage quand le second groupe composé de ténors comme Jérémy, le Roi Jean, Mike (un autre british) et Dominique s’accrochent à votre rythme et doivent commencer à miser sur le pot-au-noir pour recoller dans votre tableau arrière.

Au fait, qui passera le mieux ce pot-au-noir ? Beaucoup d’heures peuvent se perdre ou se gagner du 7ème au 3ème parallèle, juste avant l’équateur. Certains disent que cette zone c’est « pile ou face », d’autres prétendent avoir la science pour y passer sans encombre, une recette semble partagée par tous : une fois que tu y es, fais du sud, rien que du sud. Et une fois passé l’équateur, n’oubliez pas l’offrande à Neptune, cela reste nécessaire pour arriver au bout de la route… voire attraper le premier les vents d’ouest sous l’anticyclone de Sainte-Hélène…

Allez, rendez-vous dans une semaine, vous nous raconterez…

David Augeix


Publié le : Dimanche 18 novembre 2012

​Vendée Globe La poisse pour le régional Kito de Pavant

© Gilles Martin-Raget - Groupe Bel

Le monocoque Groupe Bel skippé par Kito de Pavant a été heurté dans la matinée par un chalutier au large du Portugal.

Les dégâts sont importants et Kito est contraint de rejoindre le port portugais de Cascais.

Ce n'est pas de chance pour le régional de Port Camargue dans cette course du Vendée Globe 2012/2013.


Publié le : Lundi 12 novembre 2012

​Vendée Globe Ils sont partis...

Ils sont partis…

Ils étaient 20 sur la ligne de départ vers 13 heures hier. Suite à un choc avec un semi-rigide d’assistance, l’un d’entre eux, Bertrand, est rentré au port pour ne repartir que dans la nuit. 200 milles nautiques de retard sur la tête de course, c’est handicapant… Depuis, c’est malheureusement Marco qui a été contraint de rebrousser chemin. Mais lui, ce sera pour ne plus repartir : quille perdue.

Sacrées machines que ces IMOCA, sacrés marins que ces skippers… ils arrivent (parfois) à les faire tenir à l’endroit sans le principal appendice.

Bref, le Vendée Globe est bien lancé ; 5 concurrents, dont Kito notre languedocien, ont volé le départ. C’est bien un signe de l’intensité de la course qui s’annonce sur le plus beau parcours qui soit : le tour du monde par les trois grands caps. Pour l’instant c’est François, le jeune et talentueux skipper de Macif qui imprime son rythme aux ténors de la classe. Il approche déjà le cap Finistère avec 10 milles d’avance sur le second, Vincent le Terrible, à bord de PRB et déjà vainqueur de l’épreuve en 2005. Ne tirons toutefois pas de conclusions hâtives, ils n’ont parcouru que 300 milles, il leur en reste 24000… à peine.

Certains vont suivre leur progression au jour le jour, plusieurs fois par jour, d’autres vont se prendre au jeu de la régate virtuelle. Bref, nos 20 skippers (enfin, 19 maintenant), ne seront pas vraiment seuls… Même si pour aller affaler le geenaker la nuit, dans une mer formée et un vent de 25 à 30 nœuds fraîchissant, dans un air à 4°C, sous des embruns à la même température et sous pilote déboulant eux-mêmes à 25 nœuds de vitesse, là, ils seront seuls. Et ne parlons pas des joyeuses sessions à plus de 40 nœuds de vent dans la mer croisée et pyramidale de l’océan indien…

En attendant, pour l’instant, ils vont vers le chaud. Après « el cabo Finistere », clignotant à gauche, cap au sud à la faveur des Alizées portugais, bien installés et pouvant offrir de beaux surfs endiablés aux premiers. En ce moment, au large du Portugal, c’est plutôt 30 nœuds de nord et houle bien formée… De quoi creuser l’écart pour les meilleurs à 20 nœuds de moyenne ; des conditions dans lesquelles la petite erreur de manœuvre ou de barre peut coûter cher. Certains lèveront probablement le pied. Comme quoi, ce n’est pas parce que l’on va vers le chaud que c’est de tout repos…

Chaque skipper va vivre une aventure hors du commun. Profitez-en bien même si il y a des moments où vous vous demanderez ce qui a bien pu vous pousser dans une pareille galère. Vous l’avez voulu, on ne vous plaindra pas ; mais on sait tous, sous notre couette, que ce n’est pas une sinécure… Bon courage, vous en aurez bien besoin.

Allez les gars, allez Sam aussi bien sûr, on pense à vous, on sait que vous pensez aussi un peu à nous pauvres terriens. Certains vous admirent, d’autres n’arrivent pas à vous comprendre, tous savent que vous vous engagez dans quelque chose de spécial… hors normes ; et quelques-uns aimeraient bien être à votre place. Ceux-là penseront à vous le 31 décembre à minuit.

Revenez-nous avec les étoiles dans les yeux. Pour ça, on vous fait confiance.

David Augeix


Publié le : Dimanche 11 novembre 2012